Tear fut fondé en FY 994 par une groupe de nobles dirigés par le seigneur Istaban Novares et la Dame Yseidre Tirado.
C'est une nation située dans la partie sud est des Terres de l'Ouest.
L'Echine du Monde se trouve à l'est, la Mer des Tempêtes au sud,
les Marais de Haddon au nord et les Plaines
de Maredo à l'ouest.
La nation de Tear possède le plus grand port de la Mer des Tempêtes. Il est situé bien avant l'embouchure du fleuve
Erinin;
il est protégé par l'antique forteresse connue sous le nom de Pierre de Tear. Cependant, au contraire d'autres ports importants,
celui de Tear n'est pas facilement accessible par l'océan. Il est protégé par le dédale tortueux des cours d'eau qui constituent
le vaste delta à l'embouchure de l'Erinin, appelé les
Doigts du Dragon. Ces voies navigables sont sous le contrôle total des
tairens, qui n'autorisent aucun navire à les traverser dans un sens ou dans l'autre sans un pilote tairen à bord. Les marins
les moins habiles seraient peut-être perdus sans pilote, mais pour la plupart des voyageurs, comme ceux du Peuple de la Mer,
cette précaution est risible.
Le pays qui s'étend entre la mer et la cité de Tear le long de l'Erinin est assez vaste pour accueillir plusieurs villes,
mais les Seigneurs de Tear n'autorisent pas même le plus petit village à s'établir entre la cité de Tear et la mer de peur
que ce village n'entre en compétition avec la capitale. Tous les emplacements de choix sont réservés aux Seigneurs; de plus,
les taxes de construction qui frappent les villes augmentent au fur et à mesure de leur développement, ce qui empêche toutes
les villes à part Tear de se développer. La ville de Godan ne fut autorisée à se maintenir sur la Baie de Remara que grâce à
son importance stratégique, car elle surplombe Mayene.
L'emblème de Tear est composé de trois Croissants de Lune blancs sur un champ rouge et or.
Au contraire de la plupart des autres nations, Tear n'est pas dirigée par une personne unique, roi ou reine. Un conseil se faisant appeler les Hauts Seigneurs de Tear règne collectivement. Les membres de ce conseil doivent tous être d'un rang particulier, mais le nombre de seigneurs dans le conseil n'est pas fixé; au cours du temps, il a pu augmenter jusqu'à vingt ou se réduire à six. Aux yeux du peuple, toutes les décisions sont unanimes. Les Seigneurs des Terres—tous les Seigneurs tairens de moindre importance contribuent ensuite à mettre à exécution les édits des Hauts Seigneurs.
Dans la plupart des nations, les roturiers se vêtissent de façon similaire aux nobles, seulement avec du tissu plus grossier et moins cher. Au Tear, cependant, l'habillement des seigneurs et de leurs dames est assez différent de celui des gens du commun, sans doute pour tenter de renforcer la croyance unique au Tear que les roturiers sont en fait des êtres inférieurs. Les seigneurs du Tear portent des manteaux colorés faits de soieries rembourrées et des brocarts aux manches bouffantes, parfois ornementées de bandes de couleur. Leurs bas sont ajustés afin de mettre en valeur des jambes musclées, et sont souvent de couleurs vives. L'uniforme des soldats consiste en une veste rouge vif à larges manches se resserrant sur des manchettes blanches. Par dessus leur veste, ils portent un plastron brillant qui laisse les manches visibles. Leurs bas ont une coupe aussi ajustée que ceux des seigneurs, bien que de couleurs moins vives; ils sont recouverts par des bottes montant au genou. Les Défenseurs de la Pierre portent des vestes noires et or avec des manches bouffantes, ainsi que des plumes de différentes couleurs sur leurs casques ronds à bords. Les soldats attachés à un seigneur particulier portent les couleurs de ce dernier sur leurs manches bouffantes. A l'opposé, les roturiers portent des pantalons larges, habituellement lacés à la cheville et maintenus par une large ceinture colorée. Quelques-uns portent des manteaux, mais au contraire de ceux des nobles ils sont longs et sombres, ajustés au niveau des bras et du torse et évasés sous la taille. Les hommes portent parfois des chaussures basses ou des bottes, mais vont le plus souvent nu-pieds ou équipés de sabots pour traverser la boue omniprésente dans les quartiers les plus pauvres. La plupart des roturiers portent des capuchons en tissu qui pendent d'un côté de leur visage, ou de larges chapeaux de paille coniques afin de se protéger du soleil. Les ouvriers maritimes et agricoles portent les mêmes pantalons larges, mais au lieu d'une chemise ils portent un long gilet ou restent torse nu. Les dames nobles de Tear portent de longues robes dont l'encolure dénude les épaules et forme un décolleté prononcé. La soie est le matériau de prédilection de la plupart des dames de haute naissance, et leurs tenues sont souvent agrémentées d'une collerette de dentelle et d'une minuscule coiffe assortie. A Tear, la couleur du deuil est le blanc; on raconte que certaines femmes portaient cette couleur alors même que leur mari mourant vivait encore. Aucune dame qui se respecte ne se sépare de son minuscule flacon à sels en porcelaine. Les roturières ne peuvent pas se permettre le luxe de posséder de la soie, ou de longues robes qui s'abîmeraient dans la boue omniprésente. Elles portent des robes fermées jusqu'au menton, qui ne révèlent rien, et dont l'ourlet arrive à hauteur de cheville. Par dessus, elles attachent des tabliers de couleur pâle, allant souvent par deux ou trois de tailles différentes, chacun plus petit que celui du dessous. Elles portent parfois des chapeaux de paille à larges bords, teints d'une couleur assortie à celle des tabliers. Celui qui désire traverser les faubourgs, quel que soit son rang, doit marcher pieds nus ou porter des chaussures spéciales appelées « sabots », qui sont en fait de petites plateformes en bois qui se fixent aux semelles des souliers usuels pour les mettre hors d'atteinte de la boue. Beaucoup se servent aussi de cannes de bambou pour faciliter leur parcours dans les rues de Tear.
Avant la venue du Dragon Réincarné, tout canalisage était hors-la-loi en Tear, bien que, contrairement à l'Amadicia, les Aes Sedai fussent tolérées aussi longtemps qu'elles ne canalisaient pas. Énoncer les prophéties du Dragon ou en posséder un exemplaire était puni d'emprisonnement. On ne sait si la cause en était que le destin de Tear faisait partie de la Prophétie, ou simplement une défiance fortement enracinée de toutes les choses liées au Pouvoir. Les jeunes filles capables de canaliser sont encore envoyées à Tar Valon sitôt qu'elles sont découvertes, et on les dissuade d'en revenir.
La Pierre mise à part, le Tear est renommé pour sa production d'huile et ses chevaux. Des oliveraies de tout
le pays produisent l'huile, qui est exportée par le port de Tear. Les paysans qui travaillent dans les oliveraies
ne possèdent pas ces dernières; ce sont les seigneurs qui en tirent tout le profit. Le concurrent de Tear le plus
sérieux en ce qui concerne cette industrie est sa voisine, la minuscule cité-État de Mayene, qui produit de l'huile
de poisson. De par le désir tairens de tout contrôler, l'histoire du pays est jalonnée de tentatives d'annexion ou
de contrôle de Mayene, qui n'ont jamais totalement réussi. Il a résulté de cet échec une haine nationale de Mayene,
qui cependant ne dépasse pas la haine à l'égard de l'Illian.
Tear n'a cependant pas de rival en ce qui concerne l'élevage de chevaux de race. La qualité des coursiers tairens
à poitrail large est indéniablement la meilleure de la contrée, ces chevaux surpassant les autres en vitesse,
endurance et beauté. La plupart des forêts, y compris le grand bosquet Ogier qui avoisinait la cité, ont fait
place à des prairies où paissent les grands troupeaux de chevaux de race.
Doigts du Dragon abritent de nombreuses espèces de poissons.
En conséquence, l'industrie de la pêche est florissante à Tear.
Tear exporte également de grandes quantités de céréales. Durant les vingt dernières années la plus grande partie
de la récolte fut vendue au Cairhien pour compenser la perte de leur production. Quand la maison royale du Cairhien
s'effondra sous les émeutes, ils ne purent plus acheter de céréales, laissant Tear avec des réserves grandissantes
sans marché pour les écouler. Le Dragon Réincarné força les Hauts Seigneurs à aider le Cairhien en leur donnant
leurs céréales, pour qu'ils puissent les racheter plus tard, et à vendre leurs excédents à leur ennemi, l'Illian.
Seule une contrainte extérieure pouvait forcer les tairens à vendre quoi que ce soit à l'Illian, car Tear possède
un passé long et sanglant de guerres avec ce pays voisin. Les tairens sont toujours prêts à partir en guerre
contre l'Illian, bien qu'il n'y ait jamais eu de victoire franche.
Grande est la richesse du commerce de Tear, mais seuls les seigneurs ont pu en profiter. A Tear, les roturiers
vivent exclusivement dans les faubourgs, à moins qu'ils fassent partie du personnel de maison. Dans la campagne,
ils vivent dans des conditions que les autres nations considèreraient indigne pour du bétail.